La vortex de la ZAD, tu sais quand tu arrives, tu ne sais pas quand tu repars. On nous avait prévenu.

Avec Aloise, nous y sommes depuis presque un mois. Le temps d'avoir apprécier le lieu sous différents angles. Avec son passé mouvementé, la ZAD de NDDL est toujours là. Oui oui. Été 2019, plus d'un an après les expulsions, les habitants qui occupent encore la Zone ont empruntés 2 chemins différents, qu'on peut appeler en généralisant, des "légalistes" qui se régularisent avec l'Etat, et les "illegalistes", qui restent indépendant du système. Le conflit avec les Forces de l'Ordre à rapproché les gens, comme on peut le voir dans d'autres situations de crise, sans pour autant éviter les conflits organisationnels intérieurs entre les 2 camps. Divergence tristement créé par l'acharnement de l'État à vouloir rayer de la carte un lieu où les habitants peuvent vivre séparés du système capitaliste. Le "sang neuf" que nous sommes amène au sein du large collectif zadiste de la neutralité, en faisant bien attention de ne pas nous imicer dans les conflits personnels entre les 2 "camps". Aloise et moi avons une lecture différentes du monde. L'Amour et l'espoir ont une place plus importante que la Lutte. Alors, par notre comportement, nous adoucicons les cœurs. Rien que par un air de musique, la chanson n'est pas la même.

En tout cas, la réalité est tout autre que ce que les médias nous font passer. Ici, tout est possible. La créativité et l'entraide qui règne sur Zone permet de satisfaire nos besoins à moindre coût et moindre impact.


L'Est, la partie non motorisée où était situées les fameuses cabanes, a été détruite suite aux dernières expulsions. Une zone désertée à reconquérir. Il ne restait plus que des ruines.... Avant que nous nous attelions à la reconstruction d'une cabane ! En chantier depuis 1 semaine, il reste la couverture à terminer ainsi que le terre paille à faire. Réalisée pour un coût total de 0€ et sans une goûte de pétrole, ni uranium ! La manière la plus écologique de vivre serait elle donc de vivre le plus pauvrement possible ?


Nous pensons explorer la question le temps d'une saison en vivant dans la cabane que nous sommes en train de faire renaître de ses cendres. Un temps pour apprécier notre construction et l'ameriorer mais aussi pour expérimenter la vie sauvage. Vivre au milieu de la forêt, à proximité d'un étang, en intimité avec Dame Nature, en se familiarisant avec tout ce qu'elle peut nous offrir: champignons, poissons, cueillette sauvage comestible pour des farines, macérations, pestos, infusions, soins et autre plantes pour de la vannerie sauvage (orties, ronces, jonc, peuplier, noisetier...) sans oublier le bois de chauffage, la source d'énergie essentielle pour passer l'hiver au chaud et l'eau de pluie pour nous abreuver. Les ressources seront limitées. Nous devrons nous contenter de moins. Consommer moins. Toucher la sobriété du bout des doigts. Être résilient dans notre démarche. Peut être est-ce la véritable projection au monde qui nous attend? Peut être une ce mode de vie que nous empruntons est celui que tu dois aussi suivre pour survivre ? Les aléas climatiques et sociétaux annoncés par le gouvernement, scientifiques et indépendants laissent penser que oui. En tout cas, nous sommes bien heureux sans pétrole ni électricité !


Nous ne nerons pas hermites loin de là. La cabane (et peut être de futures autres si l'envie te prend) est collective, elle nous appartient à tous. Nous passons nos journées sur chantier pour avoir un abris digne de ce nom, puis à quelques coups de pédales, nous voilà au Rouge et Noir pour participer à la journée collective de maraîchage, à Bellevue pour s'échauffer à la ferronnerie, mettre la main à la pâte aux Fosses Noires pour le pain, se faire le cuir à la tannerie et éventuellement embarquer une peau de mouton tannée par nos soins, à la bibliothèque pour une connexion internet et se documenter, et même se faire du papier au Haut Fay ! Ici, hors de "Babylone", l'économie est locale et basée sur l'entraide.


Tout un tas de choses qui nous ont convaincue de rallonger notre passage à Notre Dame. 6 mois de nomaderie au contact de l'humain donne tout de même l'envie de se sédentariser le temps d'une saison et de laisser du temps disponible à la réflexion sur les nombreuses choses que les gens nous ont transmis au fil du voyage, se connecter avec les éléments, se connecter à soi, écrire, lire, partager. Est-ce le rythme qui nous correspondrai? Alterner entre voyage, ancrage, sauvage?


Laissons nous le temps d'un hiver pour expérimenter.


Aloise et Vincent, en désobéissance fertile à la ZAD de NDDL